| Ce dimanche 12 septembre, le soleil illumine les centaines de motos déjà alignées de bon matin sur Madeira Drive alors que les tromblons des Café Racers se rapprochent
en résonnant dans la campagne. C'est de Shoreham by the Sea et d'Epsom, au sud de Londres que les Ton Up Boys s'élancent pour rejoindre Brighton pour le «ride with the Rockers» (roulez avec les Rockers) organisé par Ace Cafe Reunion. Pour ceux qui participent à la totalité de l'événement, la fête a commencé deux jours plus tôt sur le terrain d'aviation de Shoreham, où les
groupes de Rock'n Roll et de Rockabilly donnent le meilleur d'eux mêmes dans une ambiance de nostalgie, mais aussi d'espoir. Cette année l'Ace Cafe Reunion a une signification toute particulière car bientôt, dans Brighton la bourgeoise, coquette et fière de ses casinos et de ses palaces, les Rockers vont apparaître et envahir le Drive du front de mer, dans le grondement des mégaphones et l'éclat des cuirs cloutés. Tout a recommencé quand ...
L'Ace Cafe ferme en 1969. Pendant un temps, les bandes continuent
à se retrouver à Chelsea Bridge sous l'oeil attentif de la police, et c'est en 1993, que Mark Wilsmore et son équipe décident de commémorer le 25 ème anniversaire de la fermeture du Cafe, et de tout mettre en œuvre pour obtenir sa réouverture. La réponse positive des
clubs et l'appui de la presse permettent de regrouper près de 12.000 participants sur le site le 4 septembre 1994, Mark Wilsmore et ses amis ont donné l'élan au renouveau. Ainsi en 1995, 96 et ensuite, Ace Cafe Reunion réorganise la rencontre à Brighton, et l'effectif ne cesse de croître (25.000 motos en 1998), exprimant une prise de conscience et un désir de rebâtir qui se renforcent d'année en année. En 1999, tout bascule : l'Ace Cafe Reunion a racheté le bâtiment et obtenu l'autorisation de réhabiliter l'Ace
Cafe, et c'est cette victoire là qu'on fête aujourd'hui à Brighton. Alors cette année, on met le paquet.
Cette année, l'événement dispose en plus du support logistique de la BMF (Fédération anglaise de motocyclisme, merci à Peter Mason). Le Club 59 joue, bien entendu, aussi un rôle actif et on y voit les choses clairement : «Nous disposons d'une histoire et d'un patrimoine culturel, mais nous sommes décidés à ne pas nous reposer dessus. Nous ne pouvons en effet ignorer l'évolution du phénomène
moto et des machines, et aujourd'hui nous acceptons toutes les motos, quelques soient leurs origines. Notre politique est d'ouvrir les portes du Club à l'image de notre esprit. La moto n'est qu'un signe de reconnaissance, ce qui compte pour nous c'est l'homme qui la pilote car c'est lui qui a l'identité. Nous bénéficions du statut d' œuvre de bienfaisance, et si nous ne sommes plus dans les grands locaux qui nous permettaient d'accueillir les membres de passage pour la nuit, nos portes sont ouvertes à tous ceux
qui partagent la passion de la moto en faisant preuve d'ouverture d'esprit et de fraternité. Nous avons aussi pris du recul, et nous sommes bien conscients du pouvoir des médias, mais franchement, dans le contexte actuel, qui oserait attaquer une œuvre dirigée par un curé ?» Madeira Drive, un beau jour de septembre.
Les pilotes donnent des gaz à l'approche de l'arrivée et chaque vrombissement mobilise les regards. Les motos qui bordent maintenant le Drive constituent une véritable haie d'honneur aux arrivants : la présence d'anglaises de l'âge d'or, de Bitzas, de Trikes, de Harley et un éventail de nippones de tous styles attestent de l'universalité
de l'événement. La foule recouvre toute la surface maintenant et il devient très difficile de faire des photos depuis le sol. La corniche devient le point d'observation idéal pour ceux qui se régalent du spectacle des machines et des équipages à perte de vue, venus de toute l'Europe et même pour certains des USA. | |